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RPS : vigilance de rigueur des CSE sur les liens entre excès de numérique et santé au travail

By Sébastien Taraud  4 novembre 2025

Robotisation, automatisation, intelligence artificielle… Le numérique a profondément transformé nos façons de travailler. Mais derrière la promesse de gain de temps et de performance, les effets sur la santé des salariés se révèlent de plus en plus préoccupants.

Une note publiée par l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN), le 26 juin 2025, tire la sonnette d’alarme : l’usage intensif des technologies accroît la charge mentale et favorise l’émergence de nouveaux risques psychosociaux (RPS).


Fatigue, douleurs, sédentarité : les premiers signaux d’alerte

Travailler toute la journée sur écran n’est plus une exception mais la norme.

Selon les données de l’OICN et du cabinet Mailoop, les troubles physiques sont désormais monnaie courante : fatigue visuelle, migraines, douleurs cervicales, ou encore pathologies liées à la sédentarité.

Une étude de l’European Agency for Safety and Health at Work (2024) confirme que la posture assise prolongéeest devenue le premier facteur de risque professionnel, devant les troubles musculo-squelettiques (TMS) causés par les gestes répétitifs ou une mauvaise ergonomie.

« Ces postures favorisent les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou l’obésité », souligne Suzy Canivenc, docteure en sciences de l’information et de la communication et auteure de la synthèse.

Autre constat frappant : ces maladies, autrefois associées à des facteurs individuels (génétiques ou liés au mode de vie), deviennent désormais de véritables maladies professionnelles avec le développement du numérique et du télétravail.


Une charge mentale qui explose

Le numérique ne fatigue pas seulement le corps, il épuise aussi l’esprit.

Trois salariés sur quatre estiment que leur travail devient plus complexe, et 42 % attribuent cette évolution directe à la transformation numérique (étude PEGA, 2022).

L’hyperconnexion, la multiplication des e-mails, notifications et réunions virtuelles poussent les salariés à travailler plus longtemps et de manière plus morcelée. Le temps consacré à la coordination, à la réponse aux sollicitations ou à la relance des collègues grignote celui du travail « utile » et reconnu.

Ces tâches invisibles, rarement intégrées dans les plannings ou les fiches de poste, pèsent pourtant lourdement sur la santé mentale.


Le numérique, levier ou menace pour la QVCT ?

Les travaux de l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) rappellent qu’une qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) durables passe par un dialogue collectif sur l’organisation du travail et la charge mentale.

L’enjeu n’est pas de rejeter le numérique, mais de retrouver une maîtrise collective de son usage :

  • limiter les interruptions et les sollicitations permanentes,
  • repenser les temps de repos et de déconnexion,
  • former les équipes à l’hygiène numérique,
  • et intégrer les RPS liés au digital dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP).

Et le rôle du CSE dans tout ça ?

Le CSE a un rôle clé à jouer dans cette transformation.

En lien avec la Commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT), il peut :

  • proposer des mesures de prévention intégrant le numérique,
  • alerter sur la surcharge informationnelle,
  • favoriser la formation et le dialogue autour de la QVCT,
  • et suivre l’impact du télétravail et des outils collaboratifs sur la santé des salariés.

Chez ADN CSE, nous accompagnons les élus et les référents RH à mieux comprendre ces risques et à bâtir des plans d’action adaptés. N’hésitez pas à nous contacter.


En conclusion

Le numérique n’est pas en soi un risque, mais l’absence de régulation de ses usages en devient un.

Prévenir les risques psychosociaux liés à la digitalisation, c’est redonner du sens au travail, préserver la santé mentale et physique des salariés, et renforcer la performance collective.

Sources : 

« Risques psychosociaux : l’excès de numérique nuit à la santé au travail » – Le Monde

Référentiel annuel de l’OICN