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Tickets resto, chèques cadeaux, chèques vacances : dans le viseur du gouvernement Lecornu pour 2026

By Sébastien Taraud  22 octobre 2025

C’est une annonce qui fait déjà beaucoup parler dans les entreprises et les CSE : le gouvernement Lecornu prévoit, dès 2026, de taxer davantage les avantages salariaux comme les tickets restaurant, chèques-vacances ou chèques-cadeaux.

Derrière cette mesure budgétaire, une réforme du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026, qui introduirait un prélèvement social de 8 % sur ces dispositifs, jusqu’ici largement exonérés de cotisations.

Une contribution sociale de 8 % sur les avantages salariés

Confirmée par Roland Lescure, ministre de l’Économie, sur RTL le 15 octobre 2025, la mesure vise à instaurer une contribution patronale de 8 % sur ces avantages financés par les entreprises ou les comités sociaux et économiques (CSE).

L’objectif affiché : réduire le déficit public et « faire participer tout le monde à l’effort collectif ».
Selon Bercy, cette taxe pourrait rapporter près d’un milliard d’euros par an à la Sécurité sociale.


Un changement de régime fiscal majeur

Jusqu’à présent, les titres-restaurant, chèques-vacances ou chèques-cadeaux bénéficiaient d’un régime fiscal extrêmement favorable, avec des exonérations de charges sociales totales ou partielles.

Avec cette réforme, la logique change : ces avantages, considérés comme des compléments de salaire, seraient désormais intégrés dans l’assiette des cotisations.

L’idée du gouvernement est claire : limiter le recours croissant à ces avantages en substitution d’augmentations de salaire directes.
Entre 2018 et 2023, la valeur des titres-restaurant a progressé de 7,8 % par an, contre 4,1 % pour les salaires de base, selon la Cour des comptes. Une différence que le gouvernement juge « non soutenable ».


Quelles conséquences pour les entreprises et les salariés ?

Pour les entreprises, cette taxe pourrait alourdir le coût des dispositifs.
Certaines PME, déjà fragilisées, pourraient réduire ou supprimer leur participation à ces avantages.
Les CSE, eux aussi concernés, devront sans doute revoir leurs budgets ASC (activités sociales et culturelles) pour absorber l’impact de cette nouvelle contribution.

Pour les salariés, le risque est clair : une baisse du pouvoir d’achat indirect, si les entreprises décident de diminuer ces avantages.

Cependant, le gouvernement se veut rassurant : le taux de 8 % serait le plus bas des forfaits sociaux existants, et ces dispositifs resteraient malgré tout plus avantageux qu’une simple hausse de salaire soumise à cotisations complètes.


Une mesure qui divise

Cette réforme suscite déjà de vives réactions :

  • Les organisations syndicales dénoncent une mesure qui « touche une fois de plus le quotidien des salariés ».

  • Certains patrons de PME y voient un « signal négatif » envoyé à ceux qui cherchent à fidéliser leurs équipes.

  • D’autres acteurs, au contraire, estiment que cette taxation permettra plus d’équité entre salariés — notamment entre ceux qui bénéficient de ces avantages et ceux qui n’y ont pas accès.


Et maintenant ?

La mesure figure noir sur blanc dans le PLFSS 2026, actuellement en discussion.
Si elle est adoptée, l’entrée en vigueur est prévue au 1er janvier 2026.
Les entreprises et CSE auront donc quelques mois pour anticiper et adapter leurs politiques d’avantages sociaux.


Ce que cela signifie pour les CSE

Pour les CSE, cette réforme pourrait bouleverser la gestion des ASC.
Il sera crucial de :

  • Analyser l’impact budgétaire de la contribution de 8 % ;

  • Informer les salariés sur les conséquences possibles ;

  • Dialoguer avec la direction pour trouver des solutions équilibrées (négociation d’abondements, diversification des aides, priorisation des actions sociales).

ADN CSE continuera à accompagner les élus et les RH pour comprendre, anticiper et s’adapter à cette évolution.


👉 À suivre de près : la discussion parlementaire du PLFSS 2026 pourrait encore faire évoluer les modalités précises de cette taxation. Mais une chose est sûre : la fiscalité des avantages salariés, pilier du pouvoir d’achat depuis plus de 40 ans, entre dans une nouvelle ère.